Le musée archéologique Paolo ORSI
ARCHIMÈDE Mathématicien né à Syracuse alors colonie grecque. 287 avant J.C. - 212 avant J.C.

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Vieille et glorieuse institution, le Musée de Syracuse tire ses origines d'une petite collection réunie à la fin du XVIIIe s. dans une pièce du séminaire de l'archevêché. En 1811 les collections passèrent à un musée civique qui fut déclaré National en 1878, et inauguré officiellement le 11 avril 1886.

Cinq pièces étaient alors ouvertes au public, à savoir la Salle d'épigraphie et des sculptures chrétiennes des catacombes, la Salle des statues, la Salle des fragments gréco-romains, la "Tribune" de Vénus, la Salle de la céramique; mais, à partir de 1890, les collections s'enrichirent au rythme des résultats provenant des fouilles menées par Paolo Orsi.

La célébrité dont a joui le Musée de Syracuse dans le monde durant notre siècle, est due, en grande partie, aux recherches de Paolo Orsi qui dédia sa vie d'archéologue à la découverte et à l'étude des civilisations préhistoriques et historiques de la Sicile.

À la fin des années cinquante, en raison des résultats des grandes fouilles effectuées dans les plus importants centres archéologiques de la Sicile orientale, le Musée National se révéla manifestement insuffisant pour une présentation moderne des pièces archéologiques. Les projets conçus pour élargir les espaces d'exposition dans le Musée ne furent pas considérés comme conformes aux exigences. Par ailleurs, tous les efforts effectués en vue d'acquérir un des immeubles privés proches du Musée, Piazza Duomo, n'aboutirent pas. On décida alors de construire un nouvel édifice dans une zone qui ne conditionnerait pas sa réalisation. On choisit un des plus beaux parcs de Syracuse, le parc de Villa Landolina, qui sembla l'endroit les plus approprié, en dehors du centre historique d'Ortygie, pour contenir le nouveau Musée Archéologique.

 LE MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE SYRACUSE DE PIAZZA DUOMO À VILLA LANDOLINA

 

 

PRÉHISTOIRE ET PROTOHISTOIRE

Le premier secteur du Musée témoigne, dans sa partie initiale, au moyen d'une documentation graphique et d'un échantillonnage de roches, de l'aspect geomorphologique de la région des monts Hybléens, de la succession statigraphique des faunes continentales du quaternaires de la Sicile, et des caractéristiques des faunes insulaires. Elles sont représentées dans le Musée par des restes d'hippopotames et d'éléphants recueillis dans des niveaux encore vierges de toute présence humaine dans des grottes siciliennes.

Ces gisements comme la plupart des sites paléolithiques siciliens, appartiennent a l'ensemble de l'industrie dite gravettiana, avec des objets typiques en pierre qui sont en général de nature microlithique ou de formes très géométriques, et témoignent de l'organisation et du haut degré de spécialisation qui caractérisaient ce genre de travail dans une période aussi ancienne de la préhistoire de l'île.

Les civilisations sont présentées dans un ordre chronologique en fonction surtout des indications qui nous sont fournies par la céramique, qui, à partir du néolithique, avec tous les aspects multiformes du répertoire formel et décoratif devient un élément primordial pour la définition d'une civilisation en liaison avec le contexte le plus précis possible des découvertes, qu'elles proviennent d'une tombe ou d'une cabane, d'une grotte ou d'une décharge.

Groupe de grands vases «a impasto» provenant de la nécropole et de l'agglomération de Thapsos (XVe - IXe s. av. J.C.)

C'est la période pendant laquelle on tend à faire des tombes de véritables monuments en forme de petite grotte artificielle; la céramique assume des formes et des décorations particulières et atteste, comme d'autres objets tels que les "os à globules", des rapports et des contacts avec le monde grec et d'autres civilisations contemporaines du bassin méditerranéen.

La civilisation de Thapsos qui se situe (XVe - XIIIe av. J.C.) en plein âge du bronze, est l'une des mieux documentées du Musée, avec un accroissement considérable des matériaux exposés à la suite des recherches effectuées au cours de ces dernières années. Le mobilier funéraire, particulièrement riche, est constitué de céramique, d'objets en bronze, en os, en pâte de verre, d'ambre et, plus rarement, d'objets en argent et en or. À côté des céramiques indigènes, on distingue les céramiques importées et tout d'abord la céramique mycénienne, la mieux représentée et la plus importante. Les céramiques provenant de la lointaine Chypre et de l'archipel maltais ne sont pas rares non plus, confirmant le fait que Thapsos fut un point de référence constant dans les échanges commerciaux de la Méditerranée orientale et centrale entre le XVe et le XIIIe siècle av. J.C.

Grande anse avec plaque de renfont «a impasto» surmontant, le rebord d'un bassin «lébès» de 1'agglomération préhistorique de Thapsos.

L'exposition se poursuit avec la civilisation de Pantalica qui tire son nom d'un lieu situé dans l'arrière pays de Syracuse au sommet d'un haut plateau, isolé par les profondes vallées scénographiques de l'Anapo et du Calcinara. Cette civilisation représentée par des matériaux qui proviennent des nécropoles de Pantalica, de Caltagirone, de Dessueri, de Cassibile, de Finocchito, de Tremenzano, de Leontinoi etc. recouvre une période qui va du XIIIe s. av. J.C., époque à laquelle les sources indiquent le passage des Sicules de la péninsule ita-lienne à l'île, jusqu'au milieu du VIIe s. av. J.C., période durant laquelle le phénomène de la colonisation grecque s'est affirmé en Sicile.

Chaque phase de la culture de Pantalica est caractérisée par des céramiques, des bronzes, des outils, typiques tant par leur forme que par leur décoration, et par la technique du travail. Les aspects les plus significatifs sont ceux qui concernent la première phase, car on y perçoit clairement les liens avec la civilisation de Thapsos. Pour cette première phase, il existe une splendide céramique monochrome, brillante, rouge, avec des vases dont la forme rappelle une évidente tradition mycénienne, et parmi lesquels on distingue un vase monumental avec un grand pied, parfait dans sa décoration raffinée et dans sa structure. Les bronzes aussi sont pleins d'intérêt, avec les rasoirs, le couteau "a flamme", les fibules en arc de violon ou en forme d'arc simple, ensemble d'objets, qui dans les phases suivantes, assument d'autres formes, d'autres décorations et constituent, les fibules en tête, les objets les plus précieux pour caractériser les différentes phases.

Vases «a impasto» de couleur rouge correspondant, à la première étape de la civilisation de Panialica.

Les matériaux qui proviennent de la nécropole de Molino délia Badia près de Grammichele ont eux aussi un intérêt exceptionnel. Ce site représente un point de rencontre d'apports culturels provenant de la péninsule et de caractéristiques locales. En effet les formes des vases (marmites, écuelles, bocaux, askoi, oinochoai, "théières", situles) peuvent être comparées aussi bien aux objets qui proviennent des nécropoles de Pantalica et de Caltagirone qu'aux matériaux retrouvés à Lipari dans la civilisation définie par le terme d'ausonien, à Torre Castelluccia de Tarente et à Scoglio del Tonno. De la même manière on retrouve dans les bronzes (fibules, couteaux, fermoirs, rasoirs, bagues, etc...) une longue suite d'éléments communs avec les civilisations siciliennes, de Lipari et de la péninsule italienne, de la Calabre à la vallée du Pô. Pour la première fois sont exposés les matériaux qui proviennent de la vallée du Marcellino, tout près de Villasmundo.

«Portes» en calcaire de tombes rupestres de l'âge du bronze de la civilisation de Casielluccio

Cette vallée a restitué, dans les tombes en forme de petite grotte artificielle a inhumation collective, un riche mobilier funéraire qui comprend, entre autres, des céramiques de production locale, d'intéressantes imitations de modèles du moyen et du géométrique récent, en plus des vases importés de Grèce qui constituent aujourd'hui, avec des objets analogues retrouvés en Etrune et en Campanie, les plus anciennes importations grecques de cette période en Occident. Certaines de ces céramiques remontent à la première moitié du VIIIe s. av. J.C. et démontrent une présence grecque sur la côte orientale de la Sicile a une epoque légèrement antérieure aux plus anciennes colonies grecques implantées dans l'île. C'est entre le Xe et le VIIe s. av. J.C. qu'il faut placer un ensemble considérable de dépôts de bronzes composés de pointes de lances, de poignards, de dagues, de rasoirs, de fibules, de haches, de pendantifs, de ceinturons etc. retrouvés pour la plupart en Sicile orientale et entrés au Musée par achat ou par donation.

Ces ensembles de matériaux, considérés comme des offrandes aux sanctuaires ou «des dépôts de fondeurs», comme des dépôts de métal thésaurisé ou un moyen d'échange avant l'avènement de la monnaie, sont très probablement un indice d'une organisation économique et sociale d'un niveau élevé et de l'existence d'une activité de travail parvenue à un haut degré de spécialisation.

 

COLONIES GRECQUES DE LA SICILE ORIENTALE

Antéfixe en terre cuite avec relief de tête d'éphèbe avec un casque conique provenant de Syracuse (environ 460 av. J.C.),

Le second secteur du Musée est consacré aux colonies grecques divisées en colonies ioniennes et doriennes. Parmi les premières figurent Naxos, Catane, Leontinoi, d'où provient un splendide kouros en marbre de la fin du VIe s. av. J.C. Suivent dans l'ordre d'exposition les colonies doriennes de Mégara Hyblaea et de Syracuse. Les pièces exposées provenant de Mégara Hyblaea, située à environ 20 km au nord de Syracuse, sont le résultat des explorations réalisées par F.S. Cavallari, Paolo Orsi et, depuis 1949, des fouilles systématiques conduites par l'École française de Rome.

Ces résultats ont permis la connaissance et la définition des modalités d'organisation et de l'évolution de la construction de la zone urbaine, en particulier de la zone de l'agora qui est l'épicentre d'un ensemble urbain, dont les constructions s'échelonnent du VIIIe s. av. J.C. à la première destruction de la ville en 483 av J.C., puis, après la reconstruction de Timoléon, à la seconde destruction en 214/23 av. J.C. Une large place est consacrée aux objets qui caractérisent les différents moments de la recherche aussi bien dans l'aire urbaine que dans celle des nécropoles: pour la première, nombreuses sont les céramiques importées appartenant à l'époque archaïque, à partir de la fondation de la colonie, et celles de production locale de la 2e moitié du VIIe et du VIe s. av. J.C. qui sont inspirées des répertoires décoratifs du protocorinthien et de l'orientalisant.Mégara Hyblaea, on le sait, est la colonie grecque qui a restitué les plus intéressants documents de sculpture archaïque.

Masque de théâtre en terre cuite provenant de l'agora de Mégara Hyblaea (fin VIe s. - début V'' s. av. J.C.)
Fragment de dinos de fabrication locale a décoration polychrome provenant de l'agora de Mégara Hyblaea (VIIe s. av. J.C.).

Matrice en terre cuite et calque représentant une tête de nègre provenant de Mégara Hyblaea (fin VIe s. av. J.C.).

  Citons parmi les plus célèbres de l'exposition: un Kouros de marbre grec, daté des environs de 560/550 av. J.C.,élevé en l'honneur du médecin Sambrotidas, fils de Mandrokles, ainsi que le mentionne l'inscription sur la cuisse droite, et une singulière statue en calcaire,du milieu du VIe s. av. J.C., qui constitue une œuvre d'une grande force expressive représentant une figure de femme assise qui allaite deux enfants et qui témoigne pleinement du concept de la maternité.

Statue funéraire en marbre de kouros provenant de Mégara Hyblaea (560 - 550 av. J.C.).
Icaire d'une déesse mère (kouroirophos) provenant de la nécropole septentrionale de Mégara Hyblaea (milieu du VIe s. av. J.C.).

 En ce qui concerne Syracuse, l'intérêt majeur consiste dans l'exposition des matériaux trouvés à Ortygie, qui commence avec une documentation préhistorique, restreinte mais précieuse, et qui va jusqu'à aujourd'hui, et cela dans le quartier le plus ancien de la colonie corinthienne. Suit une exposition, en grande partie inédite, des matériaux provenant encore de la zone d'Ortygie et de la zone de l'Athénaion (Fouilles Orsi) et de l'Apollonion, le plus ancien temple dorique de Sicile dont les vestiges, après un siècle de recherche, ont été complètement dégagés a la fin des années quarante. Nous trouvons ensuite les restes du temple ionique, récemment découvert, restes qui se trouvent au-dessous du «Palazzo del Senato», puis d'autres vestiges provenant de la zone de la Préfecture, d'autres enfin d'une zone assez circonscrite le long de via del Consiglio Reginale au cours de fouilles effectuées tout récemment. Il y a là un ample panorama de la production des céramiques attestant la présence d'ateliers depuis l'arrivée des Grecs (les céramiques importées, de l'époque archaïque, sont bien mises en valeur) et allant jusqu'au début du XXe siècle. Les matériaux de l'antiquité tardive jusqu'à aujourd'hui sont très importants non seulement pour la connaissance souvent très limitée de l'histoire dont ils sont un témoignage, mais aussi parce qu'ils éclairent des moments de la vie urbaine tout à fait inconnus auparavant.

Statue en marbre de kouros drapé provenant de Syracuse (début Ve s. av. J.C.)
Statue en marbre de kouros provenant de Leonlinoi (début V'" s. av. J.C.).

Mérite une place particulière la présentation de la sculpture d'époque grecque, en particulier, du célèbre kouros en marbre qui représente une figure masculine acéphale drapée, et d'un puissant torse de kouros en marbre de style sévère (470 av. J.C.).

On trouve ensuite, présentés pour la première fois, les résultats d'environ 20 années de recherches effectuées dans le quartier d'Acradina, recherches qui ont permis la restitution, dans les grandes lignes, de l'urbanisme antique, et dont le point fort est l'actuelle Piazza délia Vittoria où a été découvert le sanctuaire de Démèter et Korê qui comprend un temple avec ses dépôts votifs dont sont exposés les matériaux de la fin Ve s. et de la première moitié du IVe s. av. J.C. et qui consistent, pour la plupart, en statuettes en terre cuite représentant les divinités vénérées dans le sanctuaire, parées des leurs attributs classiques, à savoir la torche et le porcelet.

Statue de péplophoros en marbre pentélique provenant du quartier d'Acradina de Syracuse (470 - 460 av. J.C.).

Buste en terre cuite provenant du "Pozzo di Anemide" de Syracuse (fin Ve - début IVe s. av. J.C.).

Vient ensuite l'exposition des matériaux provenant des nécropoles syracusaines, en commençant par celles du Fusco, présentées de manière nouvelle après une minutieuse vérification de la composition de chaque groupement où l'on trouve à la fois les tombes provenant des fouilles anciennes, et celles trouvées à date récente. Des didascalies soulignent pour chaque tombe les caractéristiques les plus intéressantes avec toutes les indications chronologiques des objets et des types deproduction, surtout pour la céramique qui constitue l'aspect prépondérant des mobiliers funéraires.

Ensemble d'aryballes globulaires protocorinthiens provenant de la nécropole du Fusco de Syracuse (725 - 700 av. J.C.).
Petit cheval en bronze de style géométrique récent provenani de la nécropole du Fusco (fin VIIIe s.)

Les terres cuites architectoniques des grands sanctuaires syracusains de l'Apollonion et de l'Athénaion avec une partie de la sima de ce dernier en marbre, avec des têtes de lion de facture splendide, et un acrotère représentant une figure de marbre raffinée, sont reproposées aux visiteurs selon de nouveaux critères d'exposition qui mettent en valeur les particularités de construction et les décorations.

Maquettes (échelle 1:50) qui représentent le temple d'Apollon à Syracuse.
Maquettes (échelle 1:50) qui représentent le temple ionique et le temple d'Athéna à Syracuse.

 Cette exposition est précédée d'une série de maquettes qui représentent à l'échelle 1:50 la reconstruction de l'Apollonion (début du VIe s. av. J.C.), accompagnée d'une coupe verticale qui souligne les singulières caractéristiques de la structure portante de la partie élevée du temple. On trouve ensuite les maquettes du temple ionique de la fin du VIe s. av. J.C. et de l'Athénaion tout proche (480 av. J.C.). Parmi les matériaux présentés en guise de conclusion des espaces consacrés à Syracuse, on notera ceux qui proviennent des sanctuaires situés en dehors de la ville parmi lesquels on note tout particulièrement la tête archaïque en calcaire provenant de Laganello, aux environs de la source du Ciane, et qui représente une œuvre importante fortement inspirée du style dédalique (débuts du VIe s. av.J.C.).

Antéfixe en terre cuite avec relief de tête d'éphèbe avec un casque conique provenant de Syracuse (environ 460 av. J.C.),

COLONIES SECONDAIRES ET CENTRES HELLÉNISÉS

 

Dans le troisième et dernier secteur de l'étage du Musée ouvert au public, l'exposition commence avec des matériaux provenant de Héloros, avant-poste de Syracuse depuis la fin du VIIIe s. av. J.C. sur la côte méridionale, à l'embouchure du Tellaro, et avec les matériaux qui proviennent d'Akrai, de Kasmenai et de Camarine, les trois colonies secondaires de Syracuse qui jalonnent le parcours de son expansion dans le triangle sud-oriental de la Sicile et fondées respectivement en 663, en 643, et en 598 av. J.C.
Haut relief en calcaire représentant une korê avec une colombe provenant de Monte Casale (première moitié du VIe s. av. J.C.)
On notera particulièrement les statues en calcaire d'Akrai et de Kasmenai, les colonies secondaires qui offrent des exemples d'urbanisation les plus intéressants parmi les villes grecques de Sicile. Il s'agit de trois importantes œuvres en pierre: celles d'Akrai, représentant deux de figures assises datant du début du VIe s. av. J.C., témoignent de caractéristiques d'inspiration dédalique dans l'impostation des figures, dans le drapé et dans la manière de traiter la chevelure; celle de Kasmenai, en meilleur état de conservation, représentant une korê probablement assise sur le trône (première moitié du VIe s. av. J.C.) révèle un modelé simple, réalisé selon des schémas qui s'inspirent manifestement de modèles grecs.

Vitrines avec des céramiques provenant des nécropoles de Camarine.

Partie antérieure d'un grand acrolère en terre cuite en forme de cavalier provenant de Camarine (première moitié du VIe s. av. J.C.).

En ce qui concerne Camarine, la troisième colonie de Syracuse, on trouve un panorama significatif de pièces provenant aussi bien de la zone urbaine que des très riches nécropoles. On peut noter dans l'exposition une belle figure de cavalier, qui ornait de façon imposante la partie la plus élevée du temple. La collection des vases qui font partie des mobiliers funéraires des nécropoles de Passo Marinaro et du Piombo, est très riche et de grande valeur. En ce qui concerne l'hellénisation de certains centres intérieurs de la Sicile comme Scordia, Mineo, Vizzini, Grammichele, Monte S. Mauro et Caltagirone, ilfaut signaler, de façon particulière, trois sculptures provenant de Terravecchia de Grammichele: la plus grande statue en terre cuite du Musée représentant Démèter ou Korê assise sur son trône,

Statues de Grammichele, en marbre et en terre cuite (fin du VIe s. - début du Ve s. av. J.C.).

Statue en terre cuite d'une déesse sur le trône (Démèter ou Kore) provenant de Grammichele (fin du VP s. av. J.L..).

suivant les modèles de l'art ionique (seconde moitié du VIe s. av. J.C.); un torse de Kouros en marbre d'une exécution raffinée et de grande valeur artistique (500 environ av. J.C.), et enfin, une figure enterre cuite représentant une divinité féminine assise qui constitue une intéressante interprétation indigène des modèles de l'art grec (seconde moitié du VIe s. av.J.C.). Le panorama des pièces provenant des centres hellénisés cités précédemment est vaste et varié et présente surtout une production en terre cuite qui va des éléments architectoniques qui revêtent la partie haute des édifices sacrés, domaine dans lequel les artistes grecs de Sicile font preuve d'un grand génie et d'une grande originalité, aux terres cuites figurées, en général ex voto de sanctuaires, constituant des produits artisanaux de grande diffusion parmi lesquels on trouve des objets de bonne facture.

Torse de Kouros en marbre provenant de Grammichele (début du Ve s. a. J.C.).

Statue en terre cuite qui représente une divinité féminine assise provenant de Grammichele (seconde moitié du VIe s. av. J.C.)

La production de céramiques de fabrication locale est particulièrement importante, à côté de celles qui sont importées du monde grec, qui parfois sont d'une qualité exceptionnelle comme par exemple le cratère laconien de Terravecchia de Grammichele très récemment retrouvé. Il faut accorder une attention toute particulière aux pièces récupérées a date récente durant la fouille d'un dépôt votif à Francavilla di Sicilia, dans l'arrière-pays de Naxos, à quelques kilomètres au nord des gorges de l'Alcantara: d'un intérêt exceptionnel sont les pinakes en terre cuite, présentant des reliefs de facture très fine, datables pour la plupart entre 470 et 460 av. J.C.

Pinax en terre cuite représentant deux têtes de divinités en relief, probablement Zeus et Héra, provenant de Francavilla di Sicilia (environ 460 av. J.C.).

Il s'agit de figures de divinités masculines et féminines et de scènes qui concernent, dans la plupart des cas, le mythe et le culte de Perséphone. En raison de leur étroite correspondance avec les pinakes de Locres ces objets posent des problèmes complexes de caractère historique et culturel à cause des rapports directs ou indirects qu'ils laissent entrevoir avec la Grande-Grèce. Une ample partie du troisième secteur du Musée est dédiée enfin, aux précieux matériaux qui proviennent des fouilles d'Orsi à Gela, et à Agrigente. De Gela, qui, à l'époque archaïque fut l'une des plus riches et prestigieuses colonies grecques de Sicile, fondée en 668 av. J.C. par les Rhodiens et les Cretois, sont exposées les terres cuites architectoniques relatives aux ornements décorant les édifices sacrés de l'acropole du VIe s. av. J.C.

Arula en terre cuite avec relief représentant les compagnons d'Ulysse qui sortent de l'antre du Cyclope sous les béliers, provenant de Méaara Hyblaea(seconde moitié du VI1 s. av. J.C.).

Des fragments de grandes figures en terre cuite représentant partiellement des cavaliers qui devaient décorer les acrotères et les frontons des temples qui témoignent des extraordinaires capacités des corophiates de Gela, ont été appliqués sur des reconstitutions des figures aux quelles ils appartenaient . Des pithoi en terre cuite utilisés comme urne funéraire, de grands sarcophages en terre cuite dont l'intérieur est finement décoré en relief, un cippe funéraire avec le sommet en forme de petit temple dorique, exposés hors vitrine, représentent les pièces les plus typiques de Gela. Ces vitrines contiennent une importante quantité de matériaux provenant des nécropoles archaïques, qui ne sont pas moins importantes que celles de Syracuse.

Arulaa en terre cuite avec relief représentant un lion qui attaque un taureau, provenant de Centuripe (seconde moitié du VIe s. av. J.C.).

Entre le VIIe et le Ve s. av. J.C., les mobiliers funéraires sont constitués par de splendides vases corinthiens, ioniens et surtout attiques à figures noires et rouges, parmi lesquels se détache de façon particulière la pélikè exposée dans la vitrine n. 297 et qui porte la signature du peintre Polignotos. Dans l'ensemble des matériaux provenant d'Agrigente qui offrent surtout des figures en terre cuite et à caractère sacré, on note certains bustes de Démèter et Korê (l'un est bifrons) dont la production eut un grand succès dans les ateliers des coroplathes grecs de Sicile entre le Ve et le IVe s. av. J.C. De rare intérêt dans le contexte des objets provenant des dépôts votifs de Contrada Tumazzo de Palma de Montechiaro, on notera trois statuettes en bois (xoanà) de style dédalique, de la seconde moitié du VIIe s. av. J.C. Les caractéristiques physiques et chimiques du terrain humide près de la source sulfureuse où elles furent trouvées ont permis la conservation de ces pièces exceptionnelles qui constituent un très rare témoignage des offrandes que l'on trouvait dans les sanctuaires grecs.

Statuette en bronze représentant un athlète dans une position d'offrande, provenant de Mendolito di Adrano (environ 460 av. J.C.).

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